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Les CPAS entre pressions et dépression Par Carlo Caldarini

Publié le  26/01/2024 Rédigé par  Rédaction

Résultats d’une enquête auprès de 145 CPAS bruxellois et wallons [i]c

En Belgique, les CPAS constituent le dernier maillon de la chaîne de protection sociale. Cependant, les moyens mis à leur disposition ne sont pas toujours à la hauteur des exigences de la société. Par conséquent, la pression qui finit par s’exercer sur les CPAS est double : celle du nombre et de la variété des demandes et des attentes, et celle des moyens financiers. En plus de ces deux contraintes, les crises qui marquent l’intervention des CPAS s’empilent les unes sur les autres jusqu’à ce que « la situation exceptionnelle » devienne le quotidien.

Pour analyser cette situation, une enquête a été réalisée en 2023 par l’OASL (Observatoire de l’action sociale locale asbl) et par le CPAS de Schaerbeek, en collaboration avec le centre de recherche CeRIS, de l’Université de Mons. C’est probablement la première fois qu’une enquête à grande échelle est menée par et sur les CPAS, en interrogeant des personnes politiquement et administrativement responsables de leur fonctionnement.

Un questionnaire a en effet été envoyé à 281 CPAS (262 en Wallonie et 19 à Bruxelles) et le taux de réponse a été supérieur à 50%, ce qui est très significatif pour ce type d’enquête.

Mais ce qui semble encore plus significatif, c’est le « sentiment commun » qui se dégage des résultats de l’enquête, confirmé et enrichi par des entretiens plus approfondis avec des responsables de CPAS menés ultérieurement sur le terrain.

Ce sentiment commun s’articule autour de quelques grands axes problématiques :

  • Le sentiment d’être sous l’emprise d’une succession de crises et de changements qui semblent conjoncturels, c’est-à-dire temporaires et transitoires, et qui créent au contraire de nouvelles « normalités » qui se cristallisent (le type de public change, de nouveaux besoins émergent, le type d’aide change en conséquence, etc.).
  • La dénonciation de toute une série de contraintes structurelles, induites par des facteurs externes et institutionnels, qui risquent de dénaturer la mission des CPAS et leur place dans la société (notamment les modes de financement et les manières dont les pouvoirs publics sollicitent l’intervention des CPAS).
  • Les effets des grandes évolutions sociétales sur le travail social (complexification et mutation du travail social, phénomènes géopolitiques, changements dans l’organisation du travail, etc.)  qui ont impacté de façon importante le travail des  travailleurs des CPAS dans leur ensemble, avec un effet plus visibles sur les travailleurs de première ligne. 

Malgré les différences d’échelle et de contexte (grands et petits CPAS, bruxellois et wallons, urbains ou ruraux, etc.) autour des questions les plus cruciales et fondamentales, l’opinion des CPAS est en effet pratiquement unanime. Voyons brièvement quelques-unes de ces opinions :

Le public accueilli par les CPAS a changé depuis 2019 85%
Ce changement de public alourdit le travail social 91%
Le CPAS fait face à des dépenses trop élevées pour des recettes trop basses 88%
Les gouvernements ne respectent pas la « neutralité budgétaire »[ii] 85%

Ces « pressions » ont des conséquences importantes sur le fonctionnement des CPAS et sur les citoyens bénéficiaires notamment :

Conséquences pour le CPAS
Augmentation de la charge de travail 93%
Démotivation du personnel 82%
Difficultés dans la négociation avec  la Commune 79%
Bureaucratisation du travail social 74%
Burnout du personnel 56%
Certificats médicaux remis 52%
Mauvaise image du CPAS 49%
Démissions du personnel 44%
Conséquences pour les bénéficiaires
Délais plus longs pour les rendez-vous 65%
Stress et/ou réactions violentes 65%
Non-personnalisation de l’accompagnement 61%
Limitation du temps d’entretien 47%
Renonciation à l’aide du CPAS 29%

L’enquête révèle également comment les responsables des CPAS perçoivent la connaissance et la reconnaissance que d’autres acteurs importants ont des CPAS, en particulier les gouvernements fédéral et régionaux. Sur ce plan également, il ressort un « sentiment commun » d’insatisfaction, lié au manque de reconnaissance. 

En ce qui concerne le gouvernement fédéral :

  • 50% des personnes interrogées estiment que le travail des CPAS n’est pas du tout reconnu à sa juste valeur. La demande chorale qui ressort des commentaires laissés sur le questionnaire, ainsi que des entretiens approfondis, est que les décisions politiques soient prises en concertation avec les responsables des CPAS, qui ont l’expérience du fonctionnement complexe de ces institutions locales et peuvent à juste titre prévoir l’impact que les décisions politiques pourraient avoir sur les centres publics d’action sociale ;
  • 45% trouvent que le gouvernement fédéral reconnaît « un peu » le travail des CPAS ;
  • et seulement 5% répondent que, oui, le gouvernement fédéral reconnaît à sa juste valeur le travail des CPAS.

Bien qu’un peu moins négatives, les réponses concernant les gouvernements régionaux (wallon et bruxellois) expriment le même malaise généralisé. Selon 40% des répondants le travail des CPAS n’est pas du tout reconnu à sa juste valeur, 53% pensent que le gouvernement régional reconnaît « un peu » le travail des CPAS et moins de 6% répondent que, oui, le gouvernement régional reconnaît à sa juste valeur le travail des CPAS.

Concrètement, voici certaines des demandes adressées aux gouvernements par les responsables des CPAS qui ressortent de cette enquête :

  • De manière générale,  les CPAS demandent davantage de moyens, et une subsidiation structurelle plutôt que par matière et par appels à projets. En particulier, le revenu d’intégration qui devrait être remboursé à 100% par les pouvoirs fédéraux. Cela non seulement pour des raisons financières (respect de la neutralité budgétaire), mais aussi pour réduire, voire faire disparaître, le « paradoxe social » selon lequel l’action sociale représente un coût plus élevé pour les communes les plus pauvres. Les aides sociales complémentaires doivent également être financées.
  • L’outil REDI[iii] est un nouveau logiciel informatique qui est utilisé comme un outil d’aide à la décision permettant aux assistants sociaux de calibrer l’aide dont les personnes auraient besoin pour vivre conformément à la dignité humaine. De nombreux CPAS sont en train de le tester et il devra alors être sérieusement évalué, avant de décider si, comment et avec quelles ressources il sera encore utilisable une fois la phase de test terminée.
  • La problématique des « pièges à l’emploi » est l’une des difficultés les plus actuelles et les plus prégnantes  dans les CPAS. Le salaire minimum réel doit être augmenté. Sinon, la réalité est sous les yeux de tous les CPAS, le travail lui-même ne protège plus du risque de pauvreté, et « travailler devient de moins en moins rentable ». [iv]
  • Faire confiance aux pouvoirs locaux, CPAS et communes, car la bonne santé d’une de ces institutions a un effet positif sur la santé de l’autre, tout comme les difficultés de l’une entraînent les difficultés de l’autre.
  • Davantage de concertation des gouvernements avec le terrain avant de penser à faire des projets. Pour cela, il faut que les décideurs puissent aller rencontrer davantage les CPAS sur le terrain.

En conclusion, les auteurs soulignent que la pression exercée sur les CPAS a des conséquences directes et graves sur l’accueil des bénéficiaires et sur l’aide à laquelle ils ont droit. En d’autres termes, ce sont les personnes les plus précaires qui souffrent le plus de la pression exercée sur l’institution et sur les travailleurs censés les aider.

De nombreux autres enseignements intéressants se dégagent de cette enquête qui, répétons-le, est probablement la première à couvrir un nombre aussi important de CPAS. 


carlo.caldarini@cpas-schaerbeek.brussels


[i] Cette enquête a été conçue et réalisée par Carlo Caldarini (sociologue et responsable de l’Observatoire social du CPAS de Schaerbeek) et Ricardo Cherenti (directeur général du CPAS d’Ecaussinnes et président de l’Observatoire de l’Action sociale locale). Leur rapport peut être téléchargé ici : https://bitly.ws/3a8Sp

[ii] Le terme « neutralité budgétaire » signifie qu’aucune nouvelle dépense exigée par une autorité gouvernementale ne pourra se faire, sans une nouvelle recette équivalente accordée par cette même autorité.

[iii] REDI (Budgets de RÉférences pour une vie DIgne) est un outil en ligne développé pour l’Etat fédéral par le CEBUD (Centre de la recherche budgétaire et de conseil budgétaire). L’outil compare les revenus du ménage avec le niveau des budgets de référence, pour déterminer dans quelle mesure le revenu familial est suffisant pour « vivre dans la dignité ». www.mi-is.be/fr/themes/aide-sociale/redi.

[iv] Sur la problématique des « pièges à l’emploi », voir l’analyse de Marie Castaigne (https://bitly.ws/3a8Yw) et celle de Philippe Defeyt (https://bitly.ws/3a8YN).

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Publié dans : Travail social

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